La vérité sur la « Voix Mixte »

Qu'est ce que la "voix mixte" ?

On te parle beaucoup de la voix mixte, et ce n’est pas très clair pour toi ? Lis cet article ou regarde cette vidéo. Tu devrais y trouver la réponse à ta question. 

Il existe un grand flou concernant l'utilisation de l'expression "voix mixte".

Tous les professeurs de technique vocale ne font pas allusion à la même chose lorsqu’ils en parlent. De plus, la « voix mixte » ne concerne pas tout à fait la même chose que l’on parle de voix d’homme ou voix de femme, ou encore de chant « moderne » ou de chant « lyrique ». Ceci nous complique sacrément les choses ! Je vais tenter d’y mettre un peu les choses au clair, et d’en donner une définition la plus juste possible. Cet article est basé sur une sélection de mes lectures dont les références sont citées ci-dessous. 

Attention tout de même ! Connaitre théoriquement le fonctionnement de la voix mixte ne veut pas dire que vous saurez la produire. L’apprentissage de la voix mixte demande beaucoup d’entrainement, d’écoute de son corps, de contrôle et de patience. La connaissance physiologique est un coup de pouce auquel j’accorde énormément d’importance. Surtout en France, pays dans lequel, la tradition de l’apprentissage vocale se fait empirique. 

Voix de poitrine et voix de tête

Fig. empruntée à la thèse de Nathalie Henrich. Glissando chanté par une chanteuse (soprano légère) qui couvre l'ensemble des 4 mécanismes laryngés utilisés en phonation : M0, M1, M2 et M3. Extrait disponible ici : http://voiceresearch.free.fr/production/mecanismeslarynges.htm

La « voix mixte » se situerait entre le mécanisme lourd et le mécanisme léger. Certains chanteurs rapportent la sensation de l’existence d’une voix entre ces mécanismes laryngés. Un mécanisme laryngé est une configuration glottique particulière : forme des cordes vocales et pressions mises en jeu (Nathalie Henrich).

Il existe 4 mécanismes laryngés (Fry, voix de poitrine, voix de tête, et voix de sifflet). Nous allons aujourd’hui nous intéresser aux mécanismes 1 (poitrine) et 2 (tête). Pour cela, j’ai choisis de reprendre les explications de Guy Cornut :

Mécanisme 1 = Voix de poitrine

Faible tension dans le ligament vocal.

  • Tension de plus en plus élevé du bas vers le haut dans le muscle vocale. 

  • A l’intérieur du registre, pour monter se combine la tension du muscle vocal, la compression médiane (aryténoïde), augmentation du flux d’air glottique.

    Mécanisme 2 = Voix de fausset (de tête)

  • Forte pression dans le ligament tonal

  • Détente totale du muscle vocal. 

    Lors du passage du mécanisme lourd vers le mécanisme léger, Guy Cornut nous explique que « le muscle crico-thyroïdien fait basculer le cartilage thyroïde vers le cartilage cricoïde et provoque l’étirement du ligament vocal alors que le muscle vocal devient passif« .  

  • Comment ressentir physiquement le passage de mécanisme ? L’exercice le plus simple consiste à partir d’une note grave et de faire un glissando jusqu’à sa note la plus aiguë. Vous entendrez et/ou sentirez une « cassure », un « passage » dans la voix. Sylvain Lamesch explique ce phénomène dans sa thèse :

    « Au moment où le chanteur atteint sa limite physiologique, les cordes vocales subissent un changement de configuration vibratoire. Le muscle vocal se découple de la vibration, et donc, cesse d’osciller, entrainant une modification subite des caractéristiques vibratoires des cordes vocales et le passage en mécanisme M2. Ce découplage est accompagné d’une légère bascule du larynx vers l’avant sous l’effet du muscle crico-thyroïdien. (…). L’augmentation de la fréquence fondamentale est alors essentiellement effectuée par la contraction du muscle crico-thyroïdien.

    Lors du glissando descendant, il se produit le phénomène inverse. Alors que l’activité du muscle crico-thyroïdien diminue pour permettre une baisse de la fréquence fondamentale, à partir d’une certaine fréquence, la masse vibrante n’est plus suffisante pour entretenir la vibration, le muscle vocal entre alors à nouveau en vibration, marquant le passage du mécanisme M2 au M1. »

 

Existe t'il un mécanisme intermédiaire correspondant à cette "voix mixte" ?

Beaucoup de chanteurs ont cette sensation qu’il existe réellement un type de voix entre la voix de poitrine et la voix de tête. Cela est le reflet de leurs sensations physiques. Cependant, les impressions des chanteurs ne sont souvent pas en corrélation avec la vérité scientifique. D’après les travaux de Nathalie Henrich, Guy Cornut, Bernard Roubeau ou encore Jacqueline Savoyant, « la voix mixte serait un registre résonantiel ».  

Comme nous l’avons vu, la « voix mixte » se produit soit en mécanisme 1 soit en mécanisme 2, elle n’est donc pas un mécanisme laryngé en tant que tel. Il conviendra donc plutôt d’appeler cela un « registre ». La définition n’est pas non plus excessivement claire. Richard Miller décrit le registre comme étant « une série de sons vocaux consécutifs de timbre homogène, distincte de séries voisines« . Cependant certains chanteurs utilisent le terme de registre de poitrine ou de tête pour parler de mécanisme laryngé. On comprend aisément pourquoi il est si difficile de s’y retrouver. Il est de ce fait, à vous, de comprendre ce qu’il est induit derrière l’utilisation de ces termes, pour ne pas vous embrouiller. Pour ma part, j’utilise le terme de mécanisme pour la voix de tête et voix de poitrine, et registre pour la « voix mixte ». 

La « voix mixte » est donc, nous l’avons vu, une façon d’effacer la transition disgracieuse entre M1 et M2. Cette transition se fait dans la zone de recouvrement des deux mécanismes laryngés par un « ajustement progressif des muscles antagonistes » (Guy Cornut), et une modification résonantielle progressive. 

Conclusion

On pourrait vulgairement l’exprimer ainsi : la voix mixte est soit une voix de poitrine qui imite la voix de tête, soit une voix de tête qui imite la voix de poitrine afin de créer un lien entre ces deux mécanismes. 

L’exercice de la paille est selon moi le meilleur exercice pour travailler cette voix mixte !

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout, n’hésite pas à me laisser un commentaire pour me dire si cet article t’a été utile. Si tu as encore des questions, pose les moi en commentaire. 

A bientôt !

Pour aller plus loin

Cornut, Guy, La voix, « Que sais-je ? », PUF, Paris, 2005. 

Miller, Richard, La structure du chant, La Vilette, Paris, 1990. 

Roubeau, Bernard, « Registres vocaux et passages », Gui Cornut coord., Moyens d’investigations et pédagogie de la voix chantée, Symétrie, 2002, p. 19-31. 

Sylvain Lamesch. Mécanismes laryngés et voyelles en voix chantée. Dynamique vocale, phoné- togrammes de paramètres glottiques et spectraux, transitions de mécanismes.. Acoustique, Thèse, Université Pierre et Marie Curie – Paris VI, 2010.

Nathalie Henrich, Etude de la source gottique en voix parlée et chantée. Modélisation et estimation, mesures acoustiques et électroglottographiques, perception, Thèse de doctorat, Université Paris 6, 2001. 

Qu’est ce qu’un placement vocal ?

Qu'est ce que le placement vocal de mécanisme ?

Le terme de placement vocal n’est pas si évident que cela à saisir. Je vous donne ici quelques points de repères physiologiques.

Il existe dans la voix humaine quatre mécanismes de la voix. Les professeurs de chant nomment souvent cela un « placement vocal ». Il s’agit de configurations, mode de vibration du larynx.

    • Le mécanisme 0 ou « fry »

    • Le mécanisme 1 ou « Voix de poitrine » (aussi appelée « voix de gorge », « voix pleine »)

    • Le mécanisme 2 ou « voix de tête »

    • Le mécanisme 3 ou « voix de sifflet »

Les deux principaux utilisés sont le mécanisme 1 et 2. Dans l’esthétique lyrique la basse, le baryton, et le ténor utilisent principalement le mécanisme 1. Le contre-ténor, la mezzo-soprano et la soprano utilisent majoritairement la voix de tête. Le fry et la voix de sifflet ne sont pas utilisés.

 

Comment savoir si je suis en voix de poitrine ou en voix de tête ?

Le passage entre ces deux mécanismes s’effectue par l’intermédiaire du muscle cryco-aryténoidien. Mais soyons honnête, le savoir ne vous aidera pas beaucoup ! Effectivement, il y a des muscles que l’on contractent facilement et d’autres qui sont plus difficiles à localiser et surtout plus difficile à maitriser. Si je vous demande de contracter le biceps, vous savez faire, si je vous demande de contracter le muscle tyro-aryténoidien c’est plus difficile. Déjà, on ne sait pas où il se situe, et en plus il n’est pas facile à sentir, à maitriser, à isoler. 

En chant, il faut PRA-TI-QUER ! C’est par l’intermédiaire d’images que l’on va se faire une idée du geste vocal, puis expérimenter jusqu’à trouver le bon à l’aide de ses sensations internes et d’une oreille extérieur nous guidant. C’est petit à petit que le corps va se construire une mémoire musculaire, ou plutôt devrais-je dire « proprioceptive » et ainsi des bons automatismes.

Un petit exercice

Un petit exercice : La voix de poitrine est en règle générale notre voix parlée. Dites « HEY TOI », comme si vous appeliez quelqu’un se situant assez loin de vous, de façon autoritaire, sans crier. Vous devriez trouver votre voix de poitrine. Puis gardez là, et faite une gamme ascendante en maintenant cette voix. Vous verrez qu’à un certain seuil vous ne pourrez pus garder ce « placement » et votre voix va dérailler dans une voix qui sonne plus légère et aigu. C’est votre passage entre la voix de poitrine et la voix de tête (le moment ou le muscle taro-arythnoidien « lâche ».

Pour vous donner une idée c’est aussi ce qu’on entend lorsque la voix d’un ados qui mue déraille. C’est une sorte de cassure que l’esthétique lyrique va s’empresser de camoufler par des stratégies de placement.

 

Qu'est ce qu'un placement vocal résonantiel ?

Attention, le « placement » est un terme très vague utilisé par les professeurs de chant. Il peut à la fois définir un mécanisme mais aussi un style de son produit (de part des ajustements des zones de résonance) : on parle alors du placement Twang, cravaté, buccal, nasal, laryngé, pharyngé…

Par exemple tu peux avoir une voix plus ou moins placé dans le masque, ou en arrière ce qui provoque des sons légèrement différent. 

Et puis parfois, on parle de placement de façon très globale, juste pour dire si la voix est sur le souffle ou non. C’est à dire si tu chantes en forçant ou non. Pour chanter sans forcer il faut travailler la voix sur le souffle. 

Pour conclure, tu vois qu’un placement vocal est un terme générique pour dire ou non si la voix est émise avec une technique vocale saine. Je t’explique d’ailleurs dans cet article comment avoir une bonne technique vocale, tu y trouveras d’avantage d’informations concrètes et utiles.